La mémoire collective des hommes appartient à un seul homme par Patrick FRASELLE

Publié le 3 Juillet 2018

"Car il n’y a rien à faire : chaque décès est un trou dans le maillage humain, comme chaque naissance y est un nouveau nœud."
Jean-Pierre Journet, extrait de l'article "Penser la civilisation"
Très bel article de Jean-Pierre Journet dont je vous conseille
vivement une lecture vivante
https://www.facebook.com/notes/jean-pierre-journet/le-billet-de-cinq/10150553716479422

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La mémoire collective des hommes appartient à un seul homme
par Patrick FRASELLE
J'ai lu l'article de Journet avec précision. Son concept de maillage humain m'a touché
(cf.son article en lien ci-dessus).
En fait, non pas au-delà mais bien en deçà de tout débat sur la misanthropie, entrevue comme déception d'abord, sentie comme espoir en l'humanité ensuite, il est cuisant de constater qu'il n'y a qu'un être humain pour aider un être humain.
Déception de base pour tous les misanthropes profonds - dont moi-même - dont le dialogue intérieur est : "Moi, je n'ai besoin de personne !"
La misanthropie n'étant, en fait qu'une réaction appelée précisément dans les systèmes de défense de la psychanalyse la formation réactionnelle. En effet, pour le psychanalyste, la formation réactionnelle est le témoin dynamique de toute situation de frustration inconsciente. Son actant dans la vie consciente est le contrepied névrotique, excessif ainsi que sur-investi de la situation inconsciente refoulée par protection de l'appareil psychique, folie possiblement évitée (pour les non psychanalystes, je nomme un exemple didactique : un fils qui a un profond désir de tuer sa mère ou qui désire que sa mère meure au plus vite, pour soigner sa culpabilité inconsciente insupportable, lui téléphonera trois fois pas jour pour savoir "si elle est bien en vie" ou sera dévoué, soumis plus que de raison. "Je suis un bon fils"). Dans le cas qui nous occupe, la misanthropie, le niveau de conscience est largement activé. La misanthropie doit, dès lors, être non seulement vue mais "prouvée" comme un haut niveau d'idéalité en rapport à l'amour de l'humain. Ainsi que de désirer croire en l'insigne beauté que recèle notre planète Gaïa.
Pour non seulement revenir à l'idée de réservoir de l'inconscient collectif (mémoire historique dans un pays ou un contexte social donné) mais plus loin à la somme génétique collective que représente l'inconscient anthropologique (mémoire de toute l'humanité depuis sa naissance), un seul homme, un seul être humain porte en lui l'expérience ou la vie de plusieurs dizaines de millions d'hommes, de tous les animaux, ainsi que de tous les végétaux depuis l'histoire de l'humanité. L'Homme serait-il dépositaire du progrès ? Injustement partagé, encore. La vie est violente avec tous les acteurs du laboratoire qu'est la vie sur terre. Certains deviennent de simples spectateurs déboutés ou méprisés.
L'Homme pourtant se veut seul. L'Homme se coupe de l'Homme. L'Homme se coupe des animaux. L'Homme se coupe de la végétation. L'Homme se coupe de la création au sens non biblique du terme. Mais au sens d'être investi avec tout son corps dans l'espace journalier ainsi que créatif de la vie dans son décours. Son défaut ? La mégalomanie ! Il a peut-être inconsciemment activé toute sa violence, toute sa laideur, toute sa folie, toute sa barbarie, tout son mépris, son haut niveau de perversité, son haut niveau de psychopathologie pour qu'enfin la Nature qui elle, détient toute les cartes du jeu, lui "fasse cadeau" du retour de manivelle dont il a besoin pour enfin s'agenouiller avec humilité. La destructivité pouvant être entrevue comme une action du Soi ( en psychanalyse, "voix" qui appelle au changement en activant une prise de conscience). Ou l'Homme est-il un malade mental de base ?
Au-delà du pulsionnel, d'abord sain réservoir d'énergie vitale, l'argent qui sépare les hommes et structure la haine des hommes entre eux, pourrait disparaitre. L'argent séparateur ne permettant en fait que de concrétiser toute les haines stimulées par les frustrations, les films névrotiques internes, les faiblesses phalliques, les manipulations de tous les bandits en col blanc qui dirigent le monde. L'argent est l'illusion du pouvoir puisque tous les millions accumulés n'iront pas dans nos cercueils. Mais seront probablement transformés en nouvelles haines vivantes et déplacées entre les héritiers. L'argent sépare les hommes. L'argent n'apportera jamais de l'amour. Tout au plus une prostituée pour stimuler l'éjaculation. Pourtant la prostituée cherche aussi du lien au-delà de toute forme de billet (le billet de sein). Paradoxe ? Non ! L'argent apportera toujours de la haine. Néanmoins, l'argent est aussi l'illusion de l'immortalité dans le concept auto-érotique de narcissisme primaire (retour des choses vers soi-même - sois-m'aime). Pourtant sa belle puissance de possibilité fécondatrice, s'il est bien employé, existe. Désinvestissement du moi narcissique pour savoir investir l'autre. Dans ce concept doublement psychanalytique autant qu'anthropologique, hors névrose et psychose, la définition de l'argent devrait être la suivante : l'argent, c'est de l'amour qui circule. Narcissisme secondaire basé sur le modèle de soi-même réinvesti dans le coït, la génitalité, la fécondation de la vie, en faisant don de soi à l'autre. L'autre considéré enfin comme altérité importante au bonheur de sa propre vie. Hélas ou heureusement, le plus grand refoulement de l'Homme est son désir du lien. Pour preuve, les quelques 200 monnaies locales de part le monde, recréent du lien "autrement" ainsi qu'une nouvelle solidarité entre les hommes. Privant ainsi tous les banksters de ce monde de continuer soit à nous castrer; soit, à nous "monter" les uns contre les autres. Pour tenter un clin d'oeil à Mélanie Klein, n'oublions jamais que le mot envie est le pur synonyme du mot haine.
Les hommes ont besoin de lien et de prouver de l'amour puisque certains chauffagistes ou apparentés, ont désiré aller réparer gratuitement des chaudières de personnes précarisées suite aux différentes émissions télévisées concernant cet "hiver 2012". Le discours était qu'ils étaient touchés, attristés ou choqués par la situation. L'Homme a bien besoin de lien et d'échanges AUTRES que ceux (dé)générés par l'entremise de billets de banque.
Pour revenir à la mémoire collective ou anthropologique, quel être humain, en toute humilité remercie l'inventeur de la roue quand il roule en voiture ? Quel humain remercie Bach, Beethoven ou Debussy, Jacques Brel ou Léo Ferré de nous procurer tant d'émotions artistiques ? Quel être humain remercie l'inventeur de l'ampoule quand il s'éclaire dans la nuit ? Quel être humain remercie l'inventeur du frigidaire quand il tire une bière fraiche du frigo ? Quel être humain remercie l'inventeur du téléphone quand il peut appeler une ambulance ou dire bonjour à un ami ? Quel patient remercie le chirurgien quand ce dernier lui a sauvé la vie ?
Aucun ! Ou si peu.
Plutôt, on assigne le chirurgien au tribunal si jamais l'opération ne "s'est pas passée comme elle aurait dû".
L'homme est prétentieux et désire TOUT tout de suite à l'instant où il le désire. Cela incarne l'immaturité du bébé qui désire sa mère TOUTE et toute de suite.
Alors que la vie n'est qu'ambivalence et ne saurait qu'inviter aux concepts de patience, d'adaptation ainsi que de maturité des appareils psychiques tant qu'émotionnels.
L'être humain s'étonne et rage quand cela ne fonctionne pas (que sa voiture tombe en panne);mais, s'étonne-t-il seulement quand les choses fonctionnent ? J'en doute.
L'Homme n'a pas encore compris que la vie n'était qu'un laboratoire d'expérimentation, que rien n'est parfait et qu'un décès, même par erreur médicale ou non faisait partie du réservoir de l'humanité. Même si comme le dit Jean-Pierre Journet dans son article : "Car il n’y a rien à faire : chaque décès est un trou dans le maillage humain, comme chaque naissance y est un nouveau nœud."
Mort ou vivant chaque être humain apportera sa pierre à l'édifice de l'humanité. Même si son absence est cruelle, injuste ou violente. C'est l'histoire de l'Homme. C'est la vie qui détient le pouvoir et non l'Homme isolé. Si nous avions une vision plus macroscopique et que nous observions les milliards d'humains que nous sommes comme les "acteurs" ou les organes d'un organisme beaucoup plus grand, nous aurions à la fois une autre compréhension ainsi qu'une autre perception du monde, cosmique.
Ainsi la boucle se boucle.
Avec une note d'espoir, sans doute...
Il n'y a qu'un être humain pour aider un être humain.

Patrick Fraselle,
psychanalyste-psychothérapeute


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