Le couple : mythe, réalité ou utopie utile - mémoire de fin d'études de Patrick FRASELLE - partie 3


Publié le 7 Septembre 2014

Couple au violon par Bramly.
Couple au violon par Bramly.
(suite et fin de l'article - partie n°3)
L’importance des rôles sexuels, entre nature et culture, dans le développement de l’identité sexuelle
Affirmation : la culture est bâtie sur les dépassements (sauts qualitatifs) et non pas sur le renoncement (castration).
La psychanalyse veut ouvrir la pulsion mais la civilisation ne peut naître que si les pulsions sont en partie sublimées. Le besoin se différencie du désir après la fonction de l’étayage – sexualité infantile orale diffuse -.
Dans le binôme psychologique Nature-Culture, la nature impose l’agressivité conquérante de l’homme pour vaincre la résistance sexuelle de l’objet (forteresse à conquérir, encore). La femme accepte avec un sexe ouvert, humide et accueillant le désir et le sexe de l’homme dans la beauté de son rôle passif qui est aussi un état désirant. Au delà de l’aspect pathologique de « l’agressivité pathologisée sortant de son cadre pulsionnel primitif » (sadisme), l’agressivité est ce moteur sain qui nous permet d’aller à la rencontre de l’autre et/ou de la vie dans sa globalité, d’un quadruple point de vue topique, économique, dynamique et génétique. Ainsi, dans le cadre d’une motion pulsionnelle créative, l’agressivité signifie bien « aller vers… » Et se distingue ainsi de la violence gratuite et pure. Une sublimation psychique ainsi qu’humanisée permet ainsi de rencontrer l’autre, en tant que « Tu » en face d’un « Je » dans le cadre de la culture fondatrice de valeurs ainsi que d’éthique, en opposition à un Surmoi castrateur.
L’agressivité ainsi définie rencontre bien la définition de Freud qui parle d’instinct de conservation, quand il s’agit, pour assurer le maintien de l’existence, de vaincre les obstacles.
Activité – Passivité ; rythmes différents…
Récapitulation des définitions de la pulsion
« Le concept de pulsion a à se discuter avec les termes
  • de poussée, « facteur moteur » ;
  • de but, soit la « satisfaction qui ne peut être atteinte que par la suppression de l’état d’excitation à la source pulsionnelle » ;
  • d’objet, soit « ce à quoi ou par quoi la pulsion peut atteindre son but » ;
  • de source, soit «tout processus somatique dans un organe ou une partie du corps dont l’excitation est représentée dans la vie psychique par la pulsion. » (Paul-Laurent Assoun, in « Le pulsionnel et ses destins, pp. 170)
Si le Berger ne va pas à la Bergère, la Bergère viendra-t-elle à lui ? La femme fait-elle un signe ou bien des avances ? Si elle fait trop d’avances, elle devient phallicisée, risque de faire peur à l’homme auquel « elle vole son rôle » de pénétration sociale et ainsi le faire fuir. Ou bien simplement le castrer par l’usurpation des rôles actif-passif !
Agir ou subir ? Mode d’emploi !
Acceptation personnelle de ces rôles ou leur refus…
Les dynamiques de pouvoir sont naturellement exclues d’un rôle d’amour. Dans le concept actif-passif, il s’agit idéalement de l’équilibre triplement émotionnel, psychique et sexuel dans la rencontre de l’homme énergétiquement sexué (pénis créateur de plaisir ou de progéniture) et de la femme énergétiquement sexuée (vagin créateur de plaisir ou de progéniture). Il s’agit, dès lors, du pouvoir positif que chacun rempli à travers son propre rôle (destinée anatomique) L’homme « agresse » positivement et force le barrage vulvaire ; la femme capte et accueille positivement le pénis de l’homme en son eau promise et incroyablement océane. Placer son pénis dans le sexe (ventre) salé d’une femme est une régression dans la mer de la mère.
« L’hystérie et l’obsession sont les deux première formes de l’inhibition sexuelle. (…). Trouble de la mobilité féminine, l’hystérie est plus fréquente et plus démonstrative chez la femme. Trouble de la mobilité masculine, l’obsession est plus spectaculaire chez l’homme. Sitôt qu’une envie se présente à eux, les hommes obsessionnels s’inventent toutes sortes d’obligations ou de rituels qui les détournent de leur projet. Annulant toute possibilité de rencontrer l’inconnu, ils annihilent ainsi, en eux, toute agressivité phallique. (…). Pris entre deux femmes, l’obsessionnel se réimmobilise, incapable de savoir où adresser sa phallicité. Entre un « ou bien l’une… ou bien l’autre» (Didier Dumas, in la sexualité masculine, pp. 204).
L’homme et la femme, sont-ils faits pour vivre ensemble ?
Authentique corpus sexo-affectif, la rencontre homme-femme devra se faire dans l’acceptation de ces rôles fondateurs. Au-delà du système pathologique (tandem hystérie-obsession) l’homme doit jouer son agressivité vitale. La femme, incarner sa vitalité à l’accueil. Énergie, donner-recevoir, elle équilibre le psychisme humain ; nous sommes aussi dans le symbolisme du sadomasochisme. Symbolisme dans lequel l’acceptation positive de ces rôles maître-esclave autant dans les jeux fantasmés et agis de la sexualité que dans le substrat créateur dans la rencontre du sexe de l’homme avec le sexe de la femme. Sociologiquement, ébranlé par « le complexe de castration », au-delà d’une avancée culturelle créative et qui était, sur le plan historique, plus qu’humainement nécessaire, le mouvement féministe a débordé sur son rôle créateur par amplification castratrice et pathologique (casta-triste !). En débordant erronément sur ses théories. Remplacer un patriarcat par un matriarcat nous renvoie, bien malheureusement, à une case départ, qui ne permet aucune alliance entre l’Homme et la Femme. Désert culturel !
« Dans l’acte conjugal, l’homme est actif et la femme passive et pour cela (le rôle) le plus noble revient à l’homme. » « Adopter le rôle du sexe opposé (encore, opposé ! Note de Patrick Fraselle) constituait un sacrilège, un « crime contre nature » selon l’œuvre de Dieu. » Il semble plus conforme à la nature des choses que l’homme agisse et que la femme subisse. L’homme qui subit dans une activité passive, rencontrerait, dès lors plus de fonctions féminines que de fonctions masculines. La femme qui agit dans une passivité active usurperait, dès lors le rôle (viril) de l’homme et elle rencontrerait plus de fonctions masculines que féminines. Ce débat peut aussi se prolonger dans l’énergie différenciée toute particulière que sont « les jeux sexuels » du couple.
Dans le refus de son rôle passif, la femme, « privée » d’un pouvoir décisionnel actif , trouve le moyen d’exercer un pouvoir passif qui rend insatisfaisant toute interaction affective, créative ou d’organisation dans le couple (guerre des nerfs et manipulation). Antonio Mercurio pense que ce qui change avec l’avènement du patriarcat est juste le passage d’un pouvoir « actif » à un pouvoir « passif » que, depuis, la femme exerce depuis l’intérieur des murs domestiques.
La femme ainsi compense son complexe de castration anatomique, familial et social. Son statut culturel d’objet sexuel, ce qui comporte aussi un certain pouvoir. L’homme, moins touché par le « complexe de castration » de la femme est plus sensible aux blessures laissées par la « castration orale » (blessures laissées). Et ce, par la tâche évolutive de la vie intra-utérine (angoisse de mort), par son attachement au sein (sevrage), de la symbiose avec la mère et de sa présence gratifiante et protectrice qui déterminent, par nostalgie, le désir de recréer des situations infantiles archaïques.
Sur cette base, nous pouvons largement imaginer le scénario inconscient du couple.
Fondement des tentatives pour soumettre la femme au rôle et à la fonction de l’homme dans le couple.
Les stratégies masculines pour le pouvoir sont :
  • imposition de l’intelligence logique ;
  • force musculaire ;
  • succès professionnel ;
  • pouvoir économique et social ;
  • efficacité et pragmatisme.
Les stratégies féminines pour le pouvoir sont :
- satisfactions des besoins personnels de l’homme ;
- disponibilité émotionnelle, affective et sexuelle ;
  • matériels par le gîte et le couvert ;
  • existentiels par le biais du désir de paternité.
Pouvoir négatif agissant, aura des tentatives chez l’homme pour détruire moralement la femme pour se venger de la « mauvaise » mère absente, castrante, autoritaire, abusive, intrusive. Il risque ainsi de placer sa femme dans le rôle de « la mère de mes enfants » et de ne pas lui donner son rôle de femme féminine et positivement sexuée. Absorbant l’ambiance « domestique et rassurante » dans une dimension enfantine, il risque de vivre des aventures et l’érotisme à l’extérieur.
La stratégie féminine, est lue à travers l’impact qu’elle reçoit à la différence anatomique des sexes. Sensation d’incomplétude, cette différence pousse la femme à se percevoir comme un être castré. La féminité comme « castration » trouve tout son sens dans le patriarcat. Le patriarcat pousse la femme à structurer toute sa dimension psychologique et son projet existentiel autour de cette blessure, à la cacher ou à la compenser. Ainsi s’installe le sentiment d’envie et de rivalité par rapport à l’homme.
Ce complexe de castration empêche la femme de vivre son identité sexuelle comme pouvoir créateur et source de joie ainsi que de vivre son sexe comme lieu de plaisir. Le substitut sera le plaisir du pouvoir. La vraie solution au problème de « sa castration » est d’arriver à valoriser le féminin.
Si chez elle l’envie-rivalité devient la tendance prévalente, elle cherchera à détruire la sécurité de son partenaire :
  • en le frustrant sexuellement ;
  • en assumant des attitudes dépressives ou hypocondriaques ;
  • en déstabilisant le rapport positif de son mari avec le monde extérieur ou professionnel.
Mais au delà du concept de « complexe de castration » de la femme, fondation de la névrose féminine ainsi que de sa violence dans les rapports sociaux autant qu’intimes, la théorie scientifique fait souvent l’impasse sur la « castration féminine » originelle du garçon. Cependant, pendant d’un pénis psychiquement pendant, potentiel dynamique inverse du fameux « complexe de castration féminin ».
Freud pose les termes chargés du « complexe de castration » féminin. La beauté de la puissance créatrice de la femme, n’existant pas par son contraire (puissance vulvaire en tant que contenant puissant) mais bien par le manque de… à combler névrotiquement. Un Freud moins misogyne aurait pu, dialectiquement et scientifiquement, placer en parallèle un Stade Vaginal, récupérateur du respect du féminin en face ainsi qu’en alliance à un Stade Phallique. L’histoire a raté ce passage. C’est bien plus tard que les psychanalystes découvre la « castration féminine » de l’enfant mâle englué dans le maternel matriciel comme une proie dans une toile d’araignée collante et sans fin d’échappée, de la vie intra-utérine jusqu’à ce qu’il quitte (enfin) l’étouffant jupon féminin et ce, avec l’aide du père (tiers séparateur, modèle masculin sexué) ou non, selon.
« La féminité première du garçon, (selon Elisabeth Badinter, extrait de son ouvrage, X Y, de l’identité masculine, pp. 77), imprégné de féminin durant toute sa vie intra-utérine, puis identifié à sa mère aussitôt né, le petit mâle ne peut se développer qu’en devenant le contraire de ce qu’il est à l’origine. Cette protoféminité du bébé humain est estimée différemment par les spécialistes. Pour les uns, elle favorise le développement de la fille et handicape celui du garçon. Pour d’autres, elle est également avantageuse aux deux sexes. Le concept de protoféminité chez l’enfant mâle a été évoqué pour la première fois chez Stoller en réponses aux théories de Freud sur la masculinité innée. Ce faisant, Stoller a opéré une révolution radicale : si Freud réduisait la bisexualité originaire au primat de la masculinité (les deux premières années de la vie), le psychiatre-psychanalyste américain suggère au contraire que la bisexualité originaire se réduit au primat du féminin. Selon Freud, pour qui la protoféminité n’existe pas, la petite fille a plus d’obstacles à franchir que le petit garçon. (…). Stoller reproche à Freud d’avoir négligé le tout premier stade de la vie, induit par la fusion qui se produit dans la symbiose maman-bébé. (…). « Plus une mère prolonge cette symbiose – relativement normale dans les première semaines ou les premiers mois – plus la féminité risque d’infiltrer le noyau d’identité de genre. » (R. Stoller, in Faits et hypothèses, un examen du concept freudien de bisexualité de base, Nouvelle Revue de Psychanalyse, n°7, Gallimard, pp. 150).
L’homosexualité symbolique et non consommée « qui règne dans la bande des hommes est une homosexualité grégaire, une homosexualité de groupe, et en cela forcément platonique. » Féminisé, l’enfant mâle à besoin d’un pénis symbolique pour trouver, s’approprier et ainsi construire le sien (pénis physique) dans une identification stabilisée.
Vrac extrait de l’ouvrage de Didier Dumas, La sexualité masculine (pp. multiples)
« L’érotisme est en premier une affaire de communication. La jouissance sexuelle ne peut se représenter indépendamment du désir d’un autre. »
« L’homme se différencie des autres espèces animales dans la mesure où sa sexualité n’est pas assujettie à un cycle saisonnier. »
« Sa sexualité reste au service de l’espèce. Il peut l’utiliser à cette fin. Tel est le statut de l’être humain : être seul juge du bien fondé de ses désirs, de ses fantasmes et de ses actes. »
Ève et le serpent : « Cet animal qui ondule sur le sol est, dans toutes les mythologies, le symbole des « énergies de la terre » et du même coup de la féminité. C’est le sens qu’il a dans le mythe d’origine judéo-chrétien. Le serpent y représente de quelle façon Ève fait commettre à Adam le péché de chair. Il n’entretient aucun rapport particulier avec Adam, car il symbolise l’outil de séduction de la femme : les énergies qui, venant d’elle animent l’organe mâle. (…). La qualité de l’érection est en effet proportionnée à la qualité d’accueil du vagin qui la provoque, et, dans les imageries érotiques, le serpent est toujours le représentant d’une puissance féminine qui donne force à l’érection. L’homme, quant à lui, peut difficilement confondre son pénis avec un animal assujetti à ramper sur le sol. Son sexe se caractérise par la faculté de se redresser vers le ciel. On le lui présente d’ailleurs comme un petit oiseau ou un petit jésus. » (Cette dernière appellation, pourrait, d’ailleurs, faire l’objet d’une thèse ! NDLR).
« Dans la rencontre et les préliminaires, la femme demande à l’homme de lui signifier son désir (…), du même coup, lorsqu’une histoire tient entre eux deux, c’est rarement le masculin qui en est responsable. C’est, généralement, la qualité de la parole féminine (énergie émotionnelle induite par la beauté de l’intériorité du féminin) qui fait tenir les deux êtres ensemble. L’homme est naturellement labile dans sa sexualité : il lui est facile de changer de partenaire. Apte à en satisfaire plusieurs, il est rare qu’il s’en prive, car cela va de pair avec le narcissisme propre à son sexe. »
« Lorsqu’un homme met un terme à l’éparpillement de sa sexualité, lorsqu’une femme l’arrête et que se noue une histoire d’amour, c’est que le féminin a jeté sur lui un regard qui le particularise.»
Conclusion du point de vue anthropologique et proposition d’une nouvelle ouverture théorique
Au double regard de la proposition psychanalytique - couple, modèle psychique incontournable (symbiose perdue) de la relation primordiale mère-bébé -, ainsi que socio-anthropologique avec l’intrication de l’énergie sexuelle - couple, amour-besoin (impact maternel) basé sur l’attirance hormonale de la sexualité, placée dans un cadre (mariage) ou non (libertinage) je vais tenter de conclure à savoir si les hommes et les femmes sont réellement faits pour vivre ensemble ?
La sophia-analyse propose une anthropologie du couple très mature, très fouillée et en constante évolution en face de cette question.
Suivi de :
La proposition anthropologique existentielle et psychothérapeutique de la sophia-analyse face à un couple pris dans les rets du conflit et de la souffrance !
Les deux points de vue convergent dans l’évidence des difficultés qu’un couple doit nécessairement affronter. Au point qu’il devient légitime de pouvoir douter de s’engager dans la réalisation du mythe du couple
Le choix de la Sophia-Analyse, proposer avec force ce mythe, est dicté par la beauté d’un projet où :
  • Les richesses de la masculinité et de la féminité puissent s’accorder et entrer en synergie créative.
  • L’énergie extraordinaire de la sexualité ne finit pas de s’humaniser
Reprenons comme explication introductive les idées de Paul-Laurent Assoun : «La Métapsychologie n’est pas qu’un savoir rationnel : c’est un mouvement vivant de pensée des «processus inconscients, il s’agit d’une discipline en travail qui se définit en s’élaborant» (Assoun, in La doctrine pulsionnelle pp 236). L’erreur serait de considérer la métapsychologie comme «un bloc de lave» figé alors qu’elle est «construite à partir d’un ensemble de faits lentement et péniblement réunis au prix d’un travail méthodique.» Partant de l’idée que ce concept n’est pas monolithique mais est une matière vivante, «n’est pas un bloc de lave figé» comme le fait remarquer Assoun mais plutôt un «magma chaud et vivant en progression permanente», de la même façon que Freud propulse la psychanalyse (la métapsychanalyse) au-delà de la psychologie scientifique de son époque ; et ce, dans l’idée d’une progression permanente des concepts ainsi que de l’humanité, la sophia-analyse, ne serait-elle pas un prolongement de la psychanalyse que l’on pourrait nommer « Métapsychanalyse » ?
« A chaque cure, la psychanalyse est réinventée. » disait Lacan.
Pour en revenir à notre sujet, les deux points de vue que nous avons élaborés convergent dans l’évidence des difficultés qu’un couple doit nécessairement affronter. Au point qu’il devient légitime de pouvoir douter de s’engager dans la réalisation du mythe du couple : l’homme et la femme, sont-ils faits pour vivre ensemble ?
Le choix de la sophia-analyse, proposer avec force ce mythe, est dicté par la beauté d’un projet où : les richesses de la masculinité et de la féminité puissent s’accorder et entrer en synergie créative ; et l’énergie extraordinaire de la sexualité ne finit pas de s’humaniser
La sophia-analyse, autre nom d’une psychanalyse d’aujourd’hui ? La sophia-analyse y puisant ses racines et lui (re)donnant naissance par ses apports créateurs.
Progression humaine basée sur une anthropologie du couple, je trouve personnellement que la sophia-analyse propose une intense richesse scientifique dans ses perceptions des rapports humains. C’est cette proposition qui peut, peut-être, constamment préserver la vie autour du mythe du couple… en la question les hommes et les femmes sont-ils réellement faits pour vivre ensemble ? La sophia-analyse est entrevue, dès lors autant comme proposition concrète, théorique que dialectique.
L’étude à travers le filtre sociologique (infidélité, divorce, concubinage plutôt que mariage) et bio-hormonal (progéniture narcissique, libido, libertinage, prégnance de la sexualité renouvelée) me donne envie de ne pas croire au concept de couple. Ne faisons pas l’autruche, cette aventure, hors-norme, en dehors du mariage surmoïque ancestral, reste, au constat, des différentes cultures et sociétés, un challenge difficile…
Cependant l’humanité ne peut évoluer qu’en rencontrant la beauté. Comme l’évolution de l’Homme physique (en termes de millions d’années), l’Homme profond ainsi que spirituel peut encore mettre des centaines d’années avant de faire germer une société plus noble, donc plus séduisante et attrayante à la fois. État d’être qui révèle un double concept en l’expression « utopie utile ? ».
  1. Utopie au regard des constats socio-anthropologiques réels, objectifs et consternants depuis que le monde existe ;
  2. Utile au regard de rencontrer la seule solution évolutionniste pour tenter de faire de notre société hypocrite, pécuniaire, violeuse, violente ainsi que psychotique un véritable Jardin d’Éden tiré de son mensonge illusoire (au-delà paradisiaque et théocratique) dans le sens de créer la beauté sur terre, pendant que l’on vit et dans la réalité (antipsychotique), plutôt que d’espérer la joie et le bonheur, dans le repos éternel, proposé par un Dieu produit par l’Homme et fantasmé comme tel.
En cela, j’adhère à la proposition sophia-analytique de l’anthropologie du couple, comme une belle énergie quadruplement émotionnelle, existentielle, décisionnelle et psychique. En diffusion constante, en se réservant de savoir les limites de la naïveté, toutefois de toute proposition anthropologique dans le cadre d’une espérance créatrice et non comme vérité vraie ou dogme absolu. Le duo essai-erreur plaçant l’Homme dans une remise en question permanente de ses moyens dynamiques autant que de son intelligence en constante évolution.
Préambule : la sophia-analyse est-elle une métapsychanalyse ?
Partiellement inspirée par l’ouvrage d’Erich Fromm, L’art d’aimer, la
métapsychologie sophia-analytique recueille les principes suivants :
  • Le Moi-Personne, sa dimension psychique est au nom du principe du plaisir, s’il est blessé, il y aura de la réactivité, c’est une dimension qui décide. Le point de départ de toute l’expérience sophia-analytique est le concept de Personne : l’homme défini en tant que personne est une fin et non un moyen et que la conscience d’être une fin devenait le présupposé nécessaire à tout acte de libération des hommes. Mais notre situation existentielle nous révélait que nous ne vivions absolument pas en tant que Personnes tant nous étions pris dans le filet névrotique de conditionnements, de conflits psychiques et existentiels ;
  • Le Soi-Personne, (conscience créative en options de sauts qualitatifs) une voix interne qui nous propose une voie, des arguments qui favorisent plus la vie, confrontation et communication intégrale. Notre sagesse personnelle. Le Soi devenant notre « soie », notre douceur ou violence nécessaire. Son enjeu est de renoncer à notre orgueil au profit de la créativité. Le Soi nous mène à une situation destructive (identification de la destructivité) ou dramatique pour faire un chemin. Connaissance d’une intuition, d’une vérité profonde. Le Soi personnel devenait possible en éliminant la culpabilité pathologique et en dépassant la culpabilité réelle, source de lumière, d’amour et d’énergie provenant du cœur de notre être, qui est à nous et rien qu’à nous et non plus l’apanage d’un Dieu théocratique qu’il faut prier et supplier ou craindre et détester s’il ne nous est pas favorable ;
  • Le Soi du couple crée un conflit pour le dépasser ;
  • Le Soi-Choral en la rivalité annulée (nécessaire car émulatrice au début de l’impact énergétique mais stérile au final) est mise au service d’un projet commun (planète des hommes). Le Soi-Choral peut trouver une solution meilleure que le Soi-Personne en cas de conflit de groupe car il y a plus d’énergie remuée dans la sagesse dynamique d’un groupe (thérapeutique ou non);
  • Le Soi-Cosmique en alliance, lien et reliance avec l’Univers : du plus petit au plus grand, du microcosme au macrocosme. L’individu devenant deux puis groupe puis pays puis projet interculturel puis Univers avec la sensation d’être citoyen du Monde plutôt que de vivre un repli égoïste ;
  • Le Soi voit mais c’est le Moi-Personne qui décide ;
  • L’élaboration de la destructivité permettant de contacter le Soi ;
  • Le pardon ;
  • Une anthropologie du couple ;
  • La vie intra-utérine ;
  • Le projet de vie ;
  • Promouvoir la vie plutôt que de la gâcher.
  • La capacité de s’aimer soi-même, de se faire aimer et d’aimer l’autre (concept du psychanalyste Erich Fromm dans son ouvrage, L’art d’aimer, Epi, 1968)
Sophianalytiquement, je reprends les quelques points fondateurs d’une anthropologie du couple
Éric Fromm définit les caractéristiques de l’amour mature comme « celui dans lequel chacun des partenaires préserve son intégrité. » Dans le cas contraire, nous nous trouvons en face d’un rapport symbiotique, où un des partenaires (ou les deux) est pris dans un rapport de possession, de soumission ou de dépendance forcée (relation mère-bébé).
Nous avons étudié (cf. la relation maman-bébé, paradigme de toutes les relations binaires, page 10 de cet ouvrage) qu’une des racines de la tendance à établir un rapport symbiotique était le problème de la solitude : sentiment d’incomplétude qui prend ses origines dans le passage d’une situation de symbiose à une situation d’autonomie.
Pour échapper à la souffrance de la solitude, l’être humain cherche des substituts du rapport affectif qu’il avait avec sa mère.
Ce rapport peut être recherché avec des modalités actives de domination ou de possession violentes. De la subtile séduction, de l’extrême dépendance ou de la disponibilité illimitée. Souvent ces modalités débouchent sur un rapport sadomasochiste.
Recréer cette union symbiotique uniquement en fonction de la dimension infantile signifie que l’on tend à la perpétuer (tuer à perpette ! Note de Patrick Fraselle).
Mais la partie adulte d’une personne peut aussi décider de reproduire un rapport symbiotique grâce à une sagesse inconsciente qui provient du Soi, dans une fonction de récupération positive avec l’intention de l’abandonner plus tard. C’est possible grâce aux conditions favorables comme :
  • la disponibilité intellectuelle et émotionnelle à prendre conscience de la nature du rapport proposé initialement de façon inconsciente ;
  • l’acceptation dialectique et non cynique du sens de la culpabilité qui jaillit de la prise de conscience d’agir en fonction des besoins enfantins : domination et dépendance ;
  • avec l’intention de les épuiser pour assumer ensuite la tâche lourde de renoncer définitivement à des images protectrices et devenir « père et mère » (autonomie et fondation) de soi-même ;
  • la possibilité de compter sur la libre disponibilité du partenaire, soit en soutenant le rôle qu’on lui propose, soit en le quittant ensuite en acceptant la modification de pouvoir qui s’ensuit.
En fait, la privation de la symbiose préœdipienne ou de possession œdipienne ainsi que le refus de dépasser ce besoin enfantin, empêchent l’accès de la personne à une capacité authentique d’aimer.
Tant pour Fromm que pour Mercurio, l’amour est l’unique vraie solution au problème de la solitude. Mais à la lecture de Fromm, il semble qu’il faille comprendre que le rapport d’amour épargne à l’homme le vécu de la solitude. Il est clair et fondamental, qu’à la longue, aucune relation ne peut nous protéger de l’expérience de la solitude et, qu’au contraire, pour aller encore plus loin, que celle-ci est un présupposé fondamental de l’amour adulte (condition humaine). Seul à deux et non pas dans l’acception ainsi que l’acceptation positive de la définition (condition humaine, encore !).
La plupart d’entre nous cherchons à se rendre attirants plutôt qu’aimables. Pour devenir aimable, je dois mettre l’accent non sur les qualités que je possède (beauté, richesse, succès, intelligence, etc.) mais plutôt sur les obstacles que je mets en place pour freiner l’amour de l’autre. Obstacles souvent inconscients, priorité devraient être faite aux difficultés réelles de communication dans les rapports interpersonnels comme le manque d’humilité, le manque de confiance, de courage ou encore de disponibilité à se reconnaître dans un engagement profond envers l’autre. Aimer et tomber amoureux sont deux choses très différentes. Une vraie relation d’amour exige un processus de maturation et un épanouissement de la personnalité. La relation œdipienne frustrée fausse ces données créatives (la fille attend le prince Charmant en le père non possédé charnellement et donc idéalisé ; le garçon attend la femme parfaite en l’image historique de sa mère idéalisée et non possédée charnellement).
Dans l’amour, il s’agit d’une relation égalitaire.
Dans l’amour symbiotique, nous constatons la répétition de la dépendance biologique mère-enfant.
En chacun de nous, homme ou femme, existe une volonté de pouvoir, une volonté de dominer l’autre, qui empêche d’établir une relation d’amour authentique. L’amour ne peut naître que d’un don de soi et non pas s’il y a une volonté de pouvoir.
Patriarcat oblige, l’homme a développé un énorme pouvoir dans la cité (fonction masculine intellectuelle). Reléguée à la maison, la femme y a développé un pouvoir absolu (fonction féminine émotionnelle).
Dans le cadre du pouvoir positif, seule la mère qui renonce à sa faculté d’emprise (matriciel engluant) et de domination sur son enfant est réellement capable de créer un être personnel doué d’identité propre, d’autonomie et de liberté, avec des projets appartenant à lui-même. Seule la mère qui aime son enfant peut le quitter dans le but de promouvoir une seconde naissance psychique et existentielle, prototype de la maturité de l’adulte.
Il en résulte que, quel que soit le niveau interactionnel, que l’être humain doit dépasser la phase de l’amour comme possession et passer à celle de l’amour comme don (profondeur spirituelle).
Aujourd’hui, l’être humain a acquis un pouvoir destructeur tel, qu’il peut anéantir le genre humain. L’individu est appelé à devenir une Personne (avancée culturelle), c’est-à-dire, un être capable de sublimer sa destructivité et de favoriser l’éclosion de la vie.
La fidélité (modèle théorique en contradiction dynamique avec le narcissisme biologique pulsionnel de l’homme) trouve tout son sens dans le besoin d’engager toutes les ressources de l’être humain dans le projet de passer de l’amour passion (névrose maternelle) à l’amour actif (essai de profondeur culturellement humanisée).
La proposition anthropologique existentielle et psychothérapeutique de la sophia-analyse face à un couple pris dans les rets du conflit et de la souffrance !
La proposition sophia-analytique anthropologique personnelle ou du couple, à travers quelques concepts-clés, est la suivante :
a). Nous venons de la même douleur, vu comme l’élément le plus fort de l’alliance possible, on sait comment se réparer mutuellement mais aussi comment se détruire mutuellement ;
b). On fait subir à l’autre ce que l’on a subi comme bébé ;
  1. Le partenaire qui ne veut pas avoir d’enfant veut être l’enfant unique ;
  2. Cerner comment naît l’identité sexuelle et non faire de la sexologie ;
  3. Quand l’enfant ne sait pas avoir une relation positive avec sa mère, il va aller chercher avec elle une passion, une relation passionnelle négative : « Tu me frappes » veut dire : « Tu me touches quand même. »
  4. Deux personnes qui viennent de la même douleur, lorsque que le conflit du couple est ouvert, ne doivent pas se séparer mais en profiter pour comprendre et s’aider. Si le projet positif émerge, ils ont la capacité de se réparer car ils connaissent la douleur de l’autre ;
  5. A 80%, l’homme doit venir chercher la femme ;
  6. C’est réveiller le désir de la femme qui est important ;
  7. L’homme passif veut toutes les femmes, toute la mère et est dans une relation préœdipienne d’une mère toujours disponible ;
  8. Ne pas savoir aborder les femmes facilement, pour l’homme, signe sa haine du féminin car il perçoit la femme comme étant dangereuse. Il projette « sa » propre négativité. C’est lui qui est négatif et il doit récupérer sa positivité ;
  9. Construire une identité masculine avec un projet positif et pas en s’opposant au féminin ;
  10. L’histoire d’amour c’est rentrer en contact (collision avec issue créative dans les disputes), se toucher émotionnellement, dépendre sans avoir peur de cette dépendance, sentir le manque. Autrement, cela veut dire que je me mets en couple mais que je ne sais pas m’attacher. Je me blinde et je me défends. C’est ma peur. Si j’abats mes défenses et que je m’attache à l’autre, vous imaginez ce qui va se passer un jour si cette personne m’abandonne. Je vais revivre une deuxième fois ma blessure et cela va me mettre KO. Mais, en même temps, avec ce blindage, mon partenaire est occupé à vivre ce que j’ai vécu quand j’étais bébé (la fermeture).
  11. Cela veut dire que mon partenaire se trouve en face de quelqu’un qui n’accepte pas le lien. Conclusion, le mécanisme qui détruit l’autre est ce même mécanisme de défense (nécessaire au début de la vie, mais dépassable ensuite) qui me protège. A force, mon mécanisme de défense se transmue en mécanisme d’offense. Je rends les coups que j’ai reçus comme enfant sur la peau de mon partenaire d’aujourd’hui ; ainsi, je ne lui permets pas de venir à ma rencontre ;
  12. L’autre à une partie saine (positive) et une partie névrotique (négative). C’est l’ambivalence de l’être humain qui est souhaitable car elle représente la réalité psychique. C’est meilleur à concevoir que le tout pré-ambivalent du bébé préœdipien pour lequel tout est bon ou tout est mauvais ;
  13. L’argent est un critère masculin. Beaucoup d’argent égale beaucoup d’amour. Toutefois ces critères ne peuvent être absolus. L’argent non violemment capitaliste et extrait de la névrose anale, c’est de l’amour qui circule car il est moteur et permet la réalisation des projets. Un couple avec des problèmes économiques vient dire qu’ils ne se choisissent pas. Épargner sur un partenaire veut dire que l’on ne l’investit pas assez ;
  14. Soigner une personne qui se soigne, respecter une personne qui se respecte, aimer une personne qui s’aime ;
  15. La maturité adulte, c’est quand tu plies les genoux en cas de douleur ou de problème (tu pleures dans un coin, catharsis nécessaire des larmes) ; mais, tu as la capacité de te recentrer sur ton projet. Ainsi, ta réactivité (colère) devient de plus en plus courte et tu renforces ton Moi adulte ;
  16. 16Notre partenaire va être un père et une mère idéalisés avec lequel nous allons vivre une complicité psychique qui est d’essayer de nous protéger de la répétition de nos blessures anciennes ; c’est le couple tourné vers le passé. Ce qui dans notre langage de psychanalyste, s’appelle changer d’autobus. Mais changer d’autobus ne nous mènera pas à une issue « différente ». Nous connaissons déjà le chemin que l’on va faire avec cet autobus : un temps pour l’illusion, un temps pour la déception, un long temps pour la prétention, et voilà que la prison du couple est structurée. Chacun se sentant l’obligation de satisfaire les besoins blessés de l’autre. Autrement dit, nourrir un puits sans fond… L’amour serait-il fini ? Mais en fait, quand avait-il réellement commencé ? A la place d’une complicité négative pour échapper à notre blessure originelle, nous allons plutôt créer une alliance positive pour traverser notre blessure mutuellement.
Conclusion des deux points de vue psychanalytique et anthropologique et proposition d’une nouvelle ouverture théorique
Les deux points de vue convergent dans l’évidence des difficultés qu’un couple doit nécessairement affronter. Au point qu’il devient légitime de pouvoir douter de s’engager dans la réalisation du mythe du couple
Le choix de la Sophia-Analyse, proposer avec force ce mythe, est dicté par la beauté d’un projet où :
  • les richesses de la masculinité et de la féminité puissent s’accorder et entrer en synergie créative.
  • l’énergie extraordinaire de la sexualité ne finit pas de s’humaniser.
Luis Alberto Aquino Benitez, directeur scientifique de l’Institut de Sophia-Analyse de Bruxelles, dans son ouvrage « Une belle histoire imparfaite : le couple, école d’humanité » élabore avec justesse, finesse ainsi que pertinence toute la proposition anthropo-psychothérapeutique sophia-analytique du couple. Tout le chemin de prise de conscience (Soi du couple) auquel un couple qui décide d’être mature, va rencontrer à travers cette proposition de modèle psychothérapeutique. Je ne saurais faire la synthèse de son ouvrage intensément riche. J’aurais le sentiment d’amputer une idée à la faveur d’une autre. Je vous renvoie à la lecture de son livre dans une publication prochaine.
Je vous en livre, toutefois, des idées-phares dans l’ordre des chapitres :
  1. La répétition de la blessure originelle comme cause de réactivation de notre douleur ;
  2. Le renvoi dynamique à la case départ inhérent à cette blessure originelle ;
  3. Le Soi, permettant de comprendre que la pulsion de mort destructrice permet en fait d’initier un nouveau départ (à l’antithèse de Freud) de sagesse par le biais d’une confrontation créative (libido) plutôt qu’un affrontement néfaste (destrudo) ;
  4. L’élaboration de la destructivité comme saut humain qualitatif ainsi que dépassement créatif personnel ;
  5. Le mécanisme d’offense en tant que blindage névrotique meurtrissant notre partenaire ;
  6. Le mensonge existentiel dans le rôle plaintif que s’approprie celui qui reste par jouissance masochiste autant que par la rage du plan de vengeance dans un statut de victime ;
  7. On ne peut pas changer d’histoire (d’autobus), nous ne pouvons que prendre conscience et évoluer ;
  8. Rencontrer les vertus de la sagesse et se donner une âme ;
  9. Le conflit (pulsion de mort positive) est inévitable si le couple veut grandir en tant qu’entité soudée :
  10. L’élaboration personnelle ainsi qu’avoir la capacité de prendre des décisions adultes ;
  11. La rupture de la symbiose engage des moments difficiles aux partenaires ;
  12. La divergence cruelle de l’infidélité pour arriver enfin à faire réagir l’autre, moyen extrême pour soutenir son projet ;
  13. L’autonomie comportant de renoncer à des figures parentales protectrices en enfourchant son statut d’adulte ;
  14. Le pardon comme ouverture ;
  15. Toucher l’acmé du conflit pour le transcender et toucher l’amour actif ;
  16. Devenir père et mère de soi-même en tant que projet de l’adulte mature ;
  17. Appréhender le concept de solitude non pas comme vexation mais bien comme destinée originelle incontournable pour chacun de nous ;
  18. S’engager dans la voie du décisionnel en tant que capacité créative (renforcement du Moi) plutôt que dans celle du réactionnel (appauvrissement du Moi) ;
  19. Aimer (passer de l’enfer, c’est les autres car ils sont une entrave au narcissisme) à « l’autre, c’est la vie. »
Réalité.
De la phylogénèse à l’ontogenèse, l’Homme ne respecte pas la vie. D’ontologique (partie du phylogénétique), il redevient phylogénétique à l’impact de son propre départ, avec ces constituants biologiques et physiologiques qui se divisent en sous-systèmes organiques et quiensuite, se re-divisent en sous-sous-cellules… (psychose atomique microscopique).
Faisant partie d’un grand tout restant à jamais inexplicable (psychose macroscopique), il redevient lui même un grand tout dans le tout petit qu’il s’avère être. Doué de raison, peut-être, un jour, d’intelligence (?), il n’est pas encore suffisamment investi par une réelle « intelligence » émotionnelle. Citoyen du Monde autant que du Cosmos, passant par le végétal, en continuant par l’animal et enfin s’arrêtant sur lui-même, il n’est qu’un lamentable destructeur de vie. C’est pourtant dans ce contexte de vie que doit s’inscrire Le couple en tant que projet et y trouver une place fondatrice d’espoir !
« Tous les philosophes du XVIIIe siècle se réfèrent à la Nature... Souvent, c'est au sens d'une physique. Chez Rousseau, la définition de ce mot « Nature » est peu évidente : celui-ci peut désigner aussi bien le monde physique que les dispositions innées de l’homme, la consciencemorale (la « voix de la nature ») ou, plus simplement, la campagne verdoyante.
Cette pluralité de sens n’empêche pas, cependant, de produire une définition plus précise. La Nature, c'est avant tout ce que l'on oppose à la Culture (l’art, la technique, la loi, l’institution, la société, l’arbitraire). Rousseau est peut-être le premier à faire de cette distinction un outil méthodologique (repris notamment par Claude Lévi-Strauss, rousseauiste fervent).
Outre les fragments intitulés « L'état de guerre », deux textes principaux — qui diffèrent parfois quelque peu — décrivent l'état de nature tel qu'il est conçu par Rousseau : « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ».
Ce qui caractérise l'homme nu dans l’état de nature, c'est un parfait équilibre entre ses désirs et les ressources dont il dispose. Car l'homme naturel est d’abord un être de sensations, et de sensations seulement. « Plus on médite sur ce sujet, plus la distance des pures sensations aux plus simples connaissances s'agrandit à nos regards ; et il est impossible de concevoir comment un homme aurait pu, par ses seules forces, franchir un si grand intervalle ».
L'homme naturel ne désire que ce qui se trouve dans son milieu de vie immédiat. Car il ne pense pas. Ces choses sont les seules qu'il puisse se « représenter ». Les désirs de l’homme naturel coïncident parfaitement avec les désirs de son corps. “Ses désirs ne passent pas ses besoins physiques, les seuls biens qu'il connaisse dans l'univers sont la nourriture, une femelle et du repos” ».
J’ai plutôt envie de commenter Rousseau qui a une belle intuition mais il faudra attendre les premiers psychologues (travail sur le comportemental et le conscient) et ensuite, Freud (travail sur l’inconscient) pour aller plus loin, sans rien résoudre, toutefois. D’inverser sa proposition par « ce qui caractérise l'homme nu dans l’état de nature, c'est un parfait dé-séquilibre entre ses désirs (pulsions freudiennes) et les ressources dont il dispose (frustrations freudiennes). » Je ne sais si au demeurant, à notre époque, l’homme pense plus…
Par culpabilité autant que par hypocrisie, se voulant universaliste et égalitaire, les hommes ont inventés la charte s’intitulant « Les Droits de l’Homme. » Aucuns droits inventés, malgré, sur la foi de la créativité et d’un humanisme rassurant ne pourra donner une égalité aux hommes. Peut-être soudée à la triple gifle copernicienne, darwinienne et freudienne (phylogénèse bio-cosmique), les hommes, percutés par la double gifle de l’injustice sociale (milieu dans lequel on naît) et de l’injustice biologique (ce que l’on est) ne sait qu’être en lien avec sa frustration donc plus loin sa destructivité (ontogenèse frustratoire).
« Tout mariage est une rencontre dramatique entre la nature et la culture. » Claude Lévi-Strauss
« L’amour, en effet, repose sur deux instincts : sexualité et protection. L’instinct sexuel est satisfait par un « partenaire sexuel », l’instinct de protection est « un objet à protéger ». Or ces deux satisfactions étant incompatible, la femme a opté pour le rôle d’objet à protéger, elle s’est faite femme-enfant par opportunisme, pour obtenir de l’homme, devenu « père-nourricier », la protection matérielle à laquelle elle aspire. » Esther Vilar, in Le sexe polygame, le droit des hommes à plusieurs femmes, pp. 158).
Il est intéressant de dissocier l’amour des besoins sexuels, de reproduction et des instincts nourriciers.
De quel matériau impalpable, délétère, immatériel, inconsistant est-il constitué ?
  • Projection ;
  • Vue de l’esprit ;
  • Débordement émotionnel ;
  • Chemin d’une magie ;
  • Unique manifestation névrotique de l’arrachement à la chaleur du ventre de la mère…
Le couple est-t-il une discipline ?
Toutefois la sophia-analyse propose une vue humaniste !
Incise finale en guise d’espoir
« Vous pensez que le conflit est le début de la fin ?
Si vous pouviez commencer à penser que le conflit est le début du début !
Le couple va nous former, le couple va nous humaniser, le couple va nous apprendre vraiment à aimer, à sortir de notre narcissisme, pour que la rencontre entre un homme et une femme soit possible. » (Luis Aquino).
Du point de vue de l’utopie, il est utile de mettre en acte, au regard de la mature et pédagogique proposition sophia-analytique (sophia signifiant « sagesse » en grec), la synergie masculin-féminin. Synergie masculin-féminin inscrite dans l’alliance de l’espoir,
l’espoir de l’alliance. Synergie masculin-féminin touchant les concepts suivants : dépassement, humilité, joie, émotion, beauté.
La beauté inhérente à la découverte du monde par la formidable et spontanée joie infantilequand l’enfant découvre la vie. Et, qu’il n’est pas encore meurtri ou bien trahi par cette dernière. Notre bonheur ainsi que notre joie de vivre (ensemble ?) sont réhabilitables par la fameuse force enfouie de notre âme d’enfant… Âme d’enfant à trouver incontournablement dans les débats de nos meurtrissures. Au fond de lui, au plus profond de lui, chaque homme, chaque femme a envie de beauté.
Le couple : mythe, réalité ou utopie utile ? Les hommes et les femmes sont-ils réellement faits pour vivre ensemble ? La proposition sophia-analytique a placé du baume ainsi que de l’espoir à mon double questionnement.
Devant impérativement rester instinctuelle (sinon elle serait vidée de son sens animal le plus profond), à travers le cheminement d’un couple en alliance et en permanente construction, la formidable énergie sexuelle peut s’humaniser.
Parallèlement à l’ouvrage de Luis Aquino Benitez, « Une belle histoire imparfaite : le couple, école d’humanité », je vous invite également à lire l’ouvrage d’Antonio Mercurio, « La vie comme œuvre d’art », Editions de la Sophia University of Rome, 1988 et enfin l’ouvrage de Erich Fromm, « L’art d’aimer » d’Erich Fromm, Epi, 1978
L’être humain n'est pas up to date...
Patrick FRASELLE
psychanalyste-psychothérapeute
Copyright - Patrick FRASELLE
Le 31 août 2014 for - texts, links and pictures - checked and locked.
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Table des matières
Remerciements
Avant-propos
Naissance intuitive de la psychanalyse
Qu’en est-il de l’inconscient à propos du couple ?
État des lieux des humeurs et de l’humour populaire, sur les hommes, les femmes et le couple à travers l’histoire et l’actualité
État des lieux sociologiques
Le couple : mythe, réalité, utopie utile : pourquoi ce titre ?
Le couple « primaire » mère-bébé, paradigme de toutes les relations binaires.
Le couple en lien avec le couple symbiotique maman-bébé : objets archaïques et objets internes
L’importance des relations avec les objets archaïques et de leur intériorisation, dans le cadre déterminant les pulsions partielles prégénitales, notamment le sadomasochisme
Les relations œdipiennes avec toute leur complexité : œdipe direct et inversé…
Conclusion des perspectives psychanalytiques
Le projet de couple doit payer un prix fort pour traverser le mécanisme massif de la projection.
On pourrait, en conséquence, appeler « névrotique » le couple où les projections sont excessives.
La prise de conscience de ce phénomène oblige l’individu à vivre l’expérience de la solitude.
L’identité du partenaire se libère en même temps que la capacité de mieux se rapporter à la réalité environnante.
Point de vue anthropologique : le couple et le mariage, comme cadre où l’humanité tente d’apprivoiser ou humaniser la pulsion sexuelle
Notes sur le mariage dans l’histoire moderne (de l’Antiquité….à nos jours).
De la sexualité comme moteur inconscient de la prolongation de l’espèce à la sexualité comme source de plaisir légitime dans la rencontre homme-femme.
L’importance des rôles sexuels, entre nature et culture, dans le développement de l’identité sexuelle :
  • activité – passivité ; rythmes différents…
  • acceptation personnelle de ces rôles ou leur refus…
  • l’homme et la femme, sont-ils faits pour vivre ensemble ?
Conclusion du point de vue anthropologique et proposition d’une nouvelle ouverture théorique
  • Préambule : la sophia-analyse est-elle une métapsychanalyse ?
  • Suivi de : la proposition anthropologique existentielle et psychothérapeutique de la
sophia-analyse face à un couple pris dans les rets du conflit et de la souffrance !
  • Les deux points de vue convergent dans l’évidence des difficultés qu’un couple doit nécessairement affronter. Au point qu’il devient légitime de pouvoir douter de s’engager dans la réalisation du mythe du couple
  • Le choix de la Sophia-Analyse, proposer avec force ce mythe, est dicté par la beauté d’un projet où :
  • - Les richesses de la masculinité et de la féminité puissent s’accorder et entrer en synergie créative.
  • - L’énergie extraordinaire de la sexualité ne finit pas de s’humaniser.
Incise finale en guise d'espoir
Bibliographie
Psychothérapie du couple
  • La thérapie psychanalytique du couple, Eiguer – Ruffiot – Bérenstein –Puget – Padron – Decobert – Soulé, Dunod, Paris, 1984 ;
  • Femmes sous emprise, les ressorts de la violence dans le couple, Marie-France HIRIGOYEN, Editions de Noyelles, 2005 ;
  • Couples, une histoire de dingue, Autrement, Ouvrage collectif, Paris, 1980 ;
Le couple et l’aspect transgénérationnel
  • Les 7 péchés familiaux, Antoine ALAMEDA, Odile Jacob, 1998.
Anthropologie - Éthologie
  • Le singe nu, Desmond Morris, Livre de Poche, 1968 ;
  • Le zoo humain, Desmond Morris, Livre de Poche, 1968 ;
  • Magie et sexualité en Afrique noire, Jacques LANTIER, Marabout, 1972.
Littérature sophia-analytique
  • La vie comme œuvre d’art, Antonio Mercurio, Editions de la Sophia University of Rome, 1988 ;
  • Cahiers de sophia-analyse, n°1, L’union symbiotique ;
  • Cahiers de sophia-analyse, n°2, Le pouvoir dans le couple ;
  • Cahiers de sophia-analyse, n°3, L’amour mature, un pouvoir actif ;
  • Nouvelles perspectives de couple, son mystère, son évolution, sa thérapie, Colloque de Sophia-Analyse, 5 et 6 mai 2000,
  • Le couple comme école d’humanité, pour le meilleur et pourquoi le pire ?, les actes de la 21ème semaine de sophia-analyse, Spa 2005 ;
  • L’oralité, les actes du week-end intergénérationnel du 27 et 28 mars 2004 ;
  • La perversion, les actes du week-end intergénérationnel de janvier 2002 ;
  • Cours de psychanalyse, Luis Aquino ;
  • Cours de sophia-analyse, Luis Aquino ;
  • La lettre aux hommes d’Antonio Mercurio, cours de Benoît de Coster.
Mélanie Klein
  • L’amour et la haine, Mélanie Klein et Joan Rivière, PBP, 1968 ;
  • Mélanie Klein : premières découvertes et premiers systèmes, 1919-1932, Jean-Michel Petot, Dunod, collection Psychismes, 1979.
Généralités
  • Le rapport mère-fils en question, le complexe d’Œdipe, Pierre Daco et Gilles Azzopardi, Marabout, 1984 ;
  • La passion de détruire, anatomie de la destructivité humaine, Erich Fromm, Robert Laffont, 1975 ;
  • L’Art d’aimer, FROMM Erich, Epi, Paris, 1968 ;
  • Le Mariage, Collectifs, Revue C4, n° 165/166, mars et avril 2008 ;
  • La doctrine pulsionnelle, Paul-Laurent Assoun ;
  • Psychologies, Les pensées, les relations, les énergies qui aident à guérir, David Servan-Schreiber, psychiatre ;
  • X Y, de l’identité masculine, Elisabeth Badinter, Odile Jacob, 1992 ;
  • Traité d’athéologie, physique de la métaphysique, Michel Onfray, Paris, Grasset, 2005 ;
  • Sciences humaines, revue mensuelle n° 187, novembre 2007.
Consultation de sites internet inhérents au sujet traité.
Auteurs cités :
(Psychanalystes, psychiatres, médecins, professeurs, éthologues, ethnologues, anthropologues)
Abraham Karl
Aquino Luis
Braudel Fernand
Corneau Guy
Cyrulnik Boris
Dor Joël
Fromm Erich
Kubler Michel
Lemaire Jean-Georges
Lévi-Strauss Claude
Rousseau Jean-Jacques
Tassin Jean-Pol

Commentaires

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